Ferme des « 1 000 vaches ». Des militants condamnés à verser 120 000 €

Ferme des « 1 000 vaches ». Des militants condamnés à verser 120 000 €

Le Tribunal de grande instance d’Amiens (Somme) a condamné au civil, ce jeudi 13 septembre, six militants de la Confédération paysanne à verser environ 120 000 € de dommages et intérêts à l’exploitant de la ferme picarde pour dégradations. [Lire plus…]

Ndlr : Ca peut choquer, on peut se dire que la justice est du côté des gros et patati et patata. Il n’empêche que le comportement de ces opposants, qui ont attaqué le chantier, est inacceptable. On a parfaitement le droit d’être contre, mais à un moment donné il faut aussi respecter le droit de ceux qui sont pour et, surtout, se montrer objectifs. Et là, objectivement, si je m’oppose par principe à cette agriculture industrielle, que je combats les pesticides, de dénoncer les « dérives » de cette exploitation qui n’existent que dans l’esprit de ceux qui les « dénoncent », relève du pur manichéisme, du simplisme.

Globalement, les vaches sont bien mieux installées à la Ferme des 1000 vaches que dans l’exploitation moyenne française : robot de traite à toute heure, vue sur l’extérieur (ce qui est loin d’être la norme du gros du bétail français), 12m² par bête (la norme est de 9m²), un espace paillé pour se coucher, une température régulée, etc., ce n’est surtout pas partout le cas, loin s’en faut. Si la stabulation libre s’ouvrant sur l’extérieur se répand, en réalité 75% du bétail français ne broutera jamais un brin d’herbe de sa vie. Au moins la moitié ne mangera même jamais un brin d’herbe fraîche, fût-elle coupée. D’ailleurs, contrairement à ce qui est cru, la grosse majorité des éleveurs n’a tout simplement pas de terrain et donc tout est acheté à l’extérieur…comme à la Ferme des 1000 vaches qui n’a donc absolument rien d’exceptionnel sur ce point de vue là. Le français moyen se déplace dans sa campagne, il voit 11 vaches dans un pré et il se dit : « aaah, voilà l’agriculture française, pas comme cette saloperie de ferme industrielle des 1000 vaches ». Oui, mais voilà, moins de 3% du bétail paît, moins de 5% passe une partie de sa vie dans les prés, moins de 10% broute régulièrement. Et moins de 40% vit dans une stabulation libre donnant sur l’extérieur. Le reste vit attaché dans des étables ou des stabulations à l’intérieur de grands hangars clos dont la seule lumière du jour arrive par des lucarnes sur le toit installées parce que la loi oblige et l’air frais provient de grands ventilateurs en pignons.

Et loin d’être une nuisance écologique, cette exploitation est exemplaire à tout point de vue, puisque tout y est optimisé, méthanisé, recyclé, ses extrants sont réduits au minimum. Et ça il suffit d’aller visiter l’élevage moyen pour être saisi par la différence. Loin d’être écologique, l’élevage moyen est en réalité rien de moins qu’une zone contaminée.

Alors, s’opposer, d’accord, la Prim’Holstein, véritable usine à lait, une vache si optimisée qu’elle en est fragile, la nourriture normale des vaches ne lui suffit pas et elle est sensible aux maladies, ne devrait pas exister. Mais ceux qui s’y sont opposés ne sont en fait que des « minis-industriels », ce n’est pas qu’il s’agissait de petits agriculteurs avec 4 vaches au pré. La sanction est donc normale, qui casse paie et, ma foi, la Confédération paysanne en sera quitte pour une collecte.

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