Les marges de la grande distribution sont plus faibles que ce qu’on croit

Selon l’Observatoire des prix alimentaires, la marge nette des distributeurs a baissé depuis deux ans et n’atteint même pas 1% du prix de vente des produits après impôt. [Lire plus…]

Ndlr : Ca c’est aussi quelque chose que j’explique depuis très longtemps à tous ceux qui hurlent que la grande distribution s’arroge la grosse part, en particulier sur les produits frais, au détriment des petits producteurs. En réalité, c’est juste faux, en raison d’une incompréhension du modèle économique. Il est vrai que la grande distribution marge sur le frais, mais ça bénéficie au consommateur directement, en raison d’un système de tarification appelé « péréquation tarifaire ». Ca consiste à exploiter les marges sur les produits où il est possible d’en réaliser pour les répercuter sur d’autres où ce n’est pas possible. Et c’est pour cette raison que les pâtes ou le riz sont vendus dans les supermarchés moins cher que le prix payé au producteur. Si vous achetez de la semoule, même en grosse quantité, vous allez la payer plus cher que le kilo de pâtes en rayon qui a pourtant nécessité bien plus de transformation, d’emballage, de marketing ou de manutention. Ainsi, réduire les marges sur les produits où les supermarchés ont de la marge revient à baisser le pouvoir d’achat en augmentant des prix qui bénéficiaient de la péréquation. Et c’est ce qui s’est produit avec la loi de Macron visant à améliorer les prix aux producteurs, immédiatement les consommateurs ont vu les prix augmenter sur certains produits. Le panier de la ménagère n’a que peu bougé parce que du coup certains produits ont baissé, mais certains produits typiques comme les légumes surgelés ont vu leur prix prendre l’ascenseur.

En outre la grande distribution a d’énormes frais, des magasins, des entrepôts, des véhicules, des chauffeurs, des équipes de vente. Lorsqu’on applaudit la vente directe, il faut bien avoir conscience que ça signifie que celui qui la pratique se met dans la poche ce que les salariés de la grande distribution ne gagnent plus.

D’une manière générale, il faut savoir que contractuellement les magasins de la coopérative Leclerc (oui, Leclerc est une coopérative) n’ont contractuellement pas le droit de faire plus de 4,7% de bénéfices avant impôt. Et concrètement celui qui a le moins de bénéfices fait 2,8% et celui qui en fait le plus fait 4,3%.

Certains rétorqueront qu’elles pourraient économiser sur le gaspillage alimentaire énorme qu’on voit dans les poubelles. Mais là encore c’est une croyance, parce qu’en vérité ces quantités énormes sont infinitésimales en regard de ce que vendent les grandes surfaces. En moyenne, c’est moins de 2% du total. Il y a toutes les semaines trois ou quatre palettes de nourriture jetées, aujourd’hui distribuées aux associations, mais une grande surface moyenne c’est des dizaines de palettes par jour qui sont vendues.

Donc non, la grande distribution ne réalise pas les marges que la population s’imagine, loin s’en faut. Après, elle manipule des sommes gigantesques, évidemment, mais ça n’a rien à voir. Les grandes surfaces ont des tas de défauts, comme le fait de s’implanter sans égard pour le petit commerce, voire illégalement moyennant des manigances diverses. Elles augmentent ensuite illégalement leur surface. Elles oppriment littéralement les producteurs en comprimant les prix par des marges arrières, en imposant des packaging, etc. Mais force est de constater que si on y fait nos courses, ce n’est sûrement pas pour rien.

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