Ce bâtiment est-il bon pour l’environnement ? 🌿
La réponse en chiffres ! 👇
A l’heure où les anomalies climatiques se multiplient et les forets brulent, des promesses émergent tout azimut pour mitiger les effets du dérèglement climatique. Dans le domaine de la construction, c’est l’architecture verte qui a le vent en poupe depuis quelques années.
C’est quoi l’architecture verte ? En caricaturant à peine, il serait possible de la résumer à la couverture des bâtiments de végétalisation, voir si possible d’arbres. 🌳 Résultat, les bâtiments gris deviennent verts, et le vert c’est bon pour l’environnement ! ✔️
A l’avant-garde de ce mouvement, l’architecte Stefano Boeri milite pour l’intégration de forêts en ville à l’aide de son manifeste « Urban Forestry » et son bâtiment Bosco Verticale à Milan. Le manifeste est sans appel : l’installation d’arbres sur les bâtiments permet de « nettoyer l’air pollué » et de « réduire drastiquement le CO2 ».
Convaincu ? 🤔
Au sein du bureau nous ne l’étions pas vraiment. La terre c’est lourd : la plupart des planchers ne sont pas dimensionnés pour en supporter plus de 10 cm… Planter des arbres sur les bâtiments s’oppose au rationalisme et à l’économie de moyens nécessaires pour construire de façon peu impactante.
Lorsque nous avons pris connaissance du projet la Tour des Cèdres en région Lausannoise, nous avons saisi cette opportunité pour nous lancer dans une analyse pour répondre aux questions suivantes :
👉 Quel est l’impact environnemental de la mise en place d’arbres sur ce projet ?
👉 Est-ce que cela vaut le coup en comparaison des bénéfices attendus ?
Méthodologie 🔍 :
– L’impact environnemental des constructions supplémentaires nécessaires pour l’installation d’arbres (béton, armature, isolation, etc.) sur les balcons du bâtiment a été évalué selon le cahier technique SIA 2032 par comparaison à une variante sans arbres (mais avec de larges balcons).
– Le nombre d’arbres nécessaires pour compenser l’impact environnemental afin de la comparer aux nombres d’arbres plantés sur le bâtiment a été évalué.
Réponses :
👉 66% d’augmentation de l’énergie grise et des émissions de CO2 en comparaison à une structure porteuse plus sobre
👉 20’000 arbres sont nécessaires pour compenser le CO2 émis par la mise en place de 80 arbres sur le bâtiment (sur 60 ans)
👉 En gros, planter 1 arbre sur la tour équivaut à en supprimer 250 de la forêt… Pas top…
En communiquant sur ce projet nous n’allons pas nous faire que des amis, mais si nous voulons éviter une génération d’architecture prétendue verte 🌳 mais réellement grise 🏭, il nous faut dénoncer les mauvais exemples. 🖐️ Ceci dans le but de favoriser l’architecture réellement durable… et cela ne passera pas par la plantation d’arbres sur des balcons.
🙋♂️ PS : Les calculs étant basés sur des hypothèses, il ne faut retenir que les ordres de grandeurs.
Ndlr : C’est très joli, très bucolique, ça permet des images porteuses d’espérance grâce à leur couleur, mais ce n’est clairement pas écologique. D’autant que les premiers immeubles verdis ont dû être abandonnés, parce qu’il n’y avait tout simplement personne pour entretenir toute cette verdure et alors ça devient une jungle avec tout ce que ça implique. Pour que ça marche, il faudrait des salariés à plein temps pour entretenir.
Si on prend en considération les paramètres techniques, que vous avez très bien mis en exergue, on comprend que c’est très joli, mais pas la solution.
En revanche on peut verdir les immeubles en créant des jardins verticaux ou sur le toit, ce qui n’implique pas de contraintes sur le bâtiment. C’est juste le concept d’avoir des grandes plantes qui pose problème.
Ce n’est donc pas le principe de verdir une ville ou même des immeubles qui est problématique, mais les structures qui doivent être conceptualisées d’une manière plus globale. De construire un immeuble isolé, non intégré dans une structure urbaine autoporteuse, n’est pas écologique. En revanche on pourrait avoir des quartiers entiers arborés, avec des forêts suspendues et ça pourrait être écologique grâce aux conséquences systèmiques, telles que l’espace dégagé en-dessous, avec l’ombre rafraîchissante générée, les arbres source de divers avantages. Sans compter qu’il serait possible que le verdissement produise de l’alimentation et des écosystèmes favorables à la biodiversité. L’agriculture urbaine est clairement l’avenir.
C’est donc toujours la même chose : ce qui est simple dans un système complexe est faux !